• Laurent Ayaguer
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Articles de laurentaycaguer

Que restera-t-il?

Par Le 08/08/2023

Que restera-t-il

Quand la mer ne sera qu’un bruit

Que l’on distingue en fond sonore

Quand les jours deviendront des nuits

Les souvenirs comme seul port

Quand les mains seront tachetées

Quand les doigts seront recourbés ?

Que restera-t-il

Quand les rides auront fait leur nid

À la commissure des yeux

Quand le temps sera au répit

Entre silences au coin du feu

Quand le soleil à l’horizon

Sera la lampe du salon ?

Que restera-t-il

Quand les projets n’auront plus cours

Balayés par des vents plus sages

Quand le corps deviendra trop lourd

Et le jardin un grand voyage

Quand le pas sera resserré

Quand l’échine sera courbée ?

Que restera-t-il

Quand la douceur sera l’étreinte

Pour nos cœurs enfin apaisés

Quand la fougue sera éteinte

Les couleurs des photos fanées

Quand l’oubli nous grignotera

Et le rideau redescendra ?

 

Il restera nos jours heureux

Et la couleur de tes yeux bleus.

 

Extrait de "Que restera-t-il ?" (publié dans SAUTER DU BORD DE LA FADAISE).

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Bonne année 2023

Par Le 08/01/2023

 

Aurais-je l’outrecuidance

De griffonner quelques mots

Sur de vaines espérances

Dans un monde empli de maux ?

Oserais-je l’impudence

De coucher sur du papier

Quelques joutes d’indécence

Quand l’espoir s’est délité ?

 

Qui aurait pu soupçonner

Lors des vœux de bonne année

Il est 12 mois à peine

La barbarie en Ukraine

L’énergie en débandade

La fin du "Roe v.wade"

La pénurie d’aliments

Et autres méfaits marquants ?

 

La vie est ce qui arrive

Quand l’imprévu est convive,

Alors dans un flot de rimes

Pour éviter la déprime

Faisons confiance au destin

Redevenons plus humains

Et demeurons solidaires

En citoyens de la terre...

https://www.laurentaycaguer.com/

 

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Je t'abhorre

Par Le 21/08/2022

Je t'abhorre

Je te hais à la folie
Dans tes perversions cupides
Dans tes griseries perfides
Quand tu craques une allumette
Dans les bois de nos ancêtres
Quand tu joues les incendiaires
Quand tu brûles notre terre,

Je t’abhorre à la folie
Dans ta quête du pouvoir
Dans tes desseins les plus noirs
Quand tu vises une centrale
Pour décrocher la timbale
Quand tu menaces tes pairs
Avec l’écueil nucléaire,

Je te hais à la folie
Dans tes obsessions démentes
Dans ta foi intolérante
Quant tu attentes à la vie
Par simple idéologie
Quand tu es conquistador
Quand tu prêches pour la mort,

Je t'abhorre à la folie
Dans tes abus d’être humain
Dans tes habits de requin
Quand tu consumes et consommes
Quand ta vie est une somme
Quand tu puises sans répit
Pour épuiser tes envies,

Je te hais à la folie
Dans les plis de ta démence
Dans ton absurde inconscience
Mais sache que malgré toi
Je ne renoncerai pas
J’ai promis à mes enfants
Un avenir souriant.

Inédit, août 2022

 

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I.V.G

Par Le 15/05/2022

N’y a-t-il donc pas une Simone qui veille

Quelque part dans les plaines des États-Unis

Pour que la conscience collective s’éveille

Pour que les femmes soient maîtresses de leur vie?

 

N’y a-t-il donc pas une Simone là-bas

Dans ce melting-pot aux obsessions puritaines

Pour laisser aux femmes d’élémentaires droits

Pour accorder le choix quand l’erreur est humaine?

 

N’est-il point de dégoût au pays du vieux Sam

Que de vouloir condamner des âmes souillées

Par d’archaïques lois que des extrêmes acclament?

 

N'est-il point de honte que de vouloir blâmer

Des vies accidentées sans aucun état d’âme

Dans ce grand pays qui prône la liberté ?

 

Inédit mai 2022...

Illustration : Coco, dessinatrice

Bon week-end à tous

 

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Elle donnait du temps

Par Le 10/04/2022

ELLE DONNAIT DU TEMPS

 

Elle donnait du temps à des enfants

Des sans le sou,

Juste des pauvres gens

Accrochés à son cou,

Elle donnait son temps à des mendiants

Soi-disant fous

Soi-disant différents

Qui demandaient beaucoup,

 

Moi j’étais là, je l’observais

En vieux garçon émerveillé

Osant à peine lui parler,

L’aborder…

 

Elle affichait le ciel au fond des yeux

Dans un sourire

Effacé par des bleus

Et des profonds soupirs,

Les rayons du soleil dans ses cheveux

Venaient mourir

Devant les malheureux

Qu’elle aidait à tenir,

 

Moi j’étais là, à ne rien faire

En vieux grognon célibataire

En soupirant imaginaire,

Solitaire…

 

Elle donnait du temps et de l’amour

Aux oubliés,

Sans attendre un retour

Sans arrière-pensée,

Elle offrait tout son cœur et du secours

Aux va-nu-pieds,

Du soir au petit jour

De la rue au foyer,

 

Moi j’étais là, je l’observais

En fonctionnaire de la paix

En ronde dans la nuit bleutée,

Épaté…

 

Elle donnait du temps et de sa vie

À des parias,

Toujours anéantie

Devant tant de dégâts,

Elle donnait son temps et puis sa vie

Pour des repas

À des plus démunis

Sans travail et sans toit,

 

Moi j’étais là, à l’admirer

Incapable de l’aborder

Trop timide et trop complexé,

Sidéré…

 

Mais, une nuit elle n’est pas venue

Le cœur trop lourd,

Elle avait disparu

Laissant un vide autour.

Mais, un soir elle n’est pas revenue

Personne autour

Ne l’a jamais revue

Donner tout son amour,

 

Moi je suis là, depuis je pleure

Si j’avais pu ouvrir mon cœur

Si j’avais surmonté mes peurs

À cette heure,

À cette heure…

 

"Elle donnait du temps" extrait de LES QUATRE SAISONS

 

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Il a ouvert les mains

Par Le 18/01/2021

IL A OUVERT LES MAINS

Il a ouvert les mains

Les paumes vers le ciel

Pour inviter sa belle

À quelques doux câlins,

Elle a baissé les yeux

Son visage a rougi

Et d’un pas indécis

S’est approchée un peu…

Il a ouvert les bras

Un sourire à ses lèvres

De sa plus douce voix

A susurré la trêve,

Elle a fermé les yeux

Lui a offert sa joue

Elle a prêté son cou

Aux rites amoureux…

Il a fermé les bras

Pour enlacer sa belle

S’enivrer de son miel

Et de ses râles bas,

Il a serré le poing

Lui a soufflé je t’aime

Et le visage blême

Il a levé la main !

"Il a ouvert les mains" extrait de "PO-M-ROCK"

Interprété et mis en Musique par les élèves de l'atelier "Slam et Musique" du Lycée de Navarre à Saint-Jean-Pied-de-Port

Vidéo sur : https://www.youtube.com/watch?v=ZeV7hTe4Dng

Immense merci à eux !

 

Il a ouvert les mains

 

Pas de voeux

Par Le 31/12/2020

 

PAS DE VŒUX !

Pas de vœux cette année
Des aveux avérés
D’insouciance enterrée
De jouissances gâchées,

Pas de vœux en ce soir
Désaveu aux mâchoires :
Ils seraient illusoires
Les désirs dérisoires,

Pas de vœux déplacés
De chaleureux souhaits
Nos espoirs agrippés
Aux espoirs des grippés,

Pas de vœux en cette heure
Pas le feu, pas le cœur
Pas de souhaits, pas de leurre
Juste des jours meilleurs...

Laurent Ayçaguer, décembre 2020

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Déconfits

Par Le 04/05/2020

Appel au secours

Des âmes esseulées

Pour le grand retour

Des déconfinés,

Au diable les frasques

Le bon temps n'est plus

Derrière les masques

La grande inconnue...

 

Appel aux distances

Aux gestes barrières

C'est la nouvel' danse

Du pas en arrière,

Adieu le sourire

Qui pouvait charmer

Il faudra séduire

Sans trop (s)’exposer…

 

Plus de baisers, plus d'accolades

Juste les yeux en embuscade,

Pas de corps à corps, ni d'étreinte

Ce sera l'amor sous contrainte !

 

Appel à l'envie Des célibataires

Quand les lieux de vie

Seront délétères,

Bye bye les fiestas

Le règne du mètre

Sera le diktat

Il faut bien l'admettre !

 

Appel déconfit

Des cœurs en pâture

Ça sent le roussi

La déconfiture,

Déprimante vie

Si la peur est là

Alors que l'envie

Chatouille l'émoi...

 

Plus de baisers, plus d'accolades

Juste les yeux en embuscade,

Pas de corps à corps, ni d'étreinte

Ce sera l'amor sous contrainte !

 

"Petite inspiration" du dimanche 3 mai...

Prenez-soin de vous ! 

 

Texte publié depuis dans "LES QUATRE SAISONS"

Deconfits

 

La coiffeuse

Par Le 07/03/2020

Elle écoute des histoires

Comme on écoute la mer

En noyant son regard

Sur les dunes côtières,

Elle écoute des histoires

Des ragots, des chimères

Qu’elle emporte le soir

À des années lumière.

 

Elle met des couleurs

Aux cheveux les plus noirs

Sur des potins mineurs

Sur des mots sans histoire,

Elle met des couleurs

Aux idées les plus noires

Comme un peu de chaleur

Au fond d’un isoloir.

 

Refrain :

La coiffeuse soupire

Entre soins et brillance

Quand la journée s’étire

Au son des confidences…

 

Elle connaît les gens

Et le temps qu’il fera

Au travers des clients

Qui passent entre ses doigts,

Elle connaît le temps

Qu’il faut passer parfois

À écouter du vent

Des mots de second choix.

 

Elle rêve d’un ciel

D’un endroit silencieux

Loin des tubes de gel

Et des shampoings aux œufs,

Elle rêve d’un ciel

Loin de tous les aveux

Des femmes infidèles

Des hommes prétentieux.

 

Refrain :

La coiffeuse soupire

Entre soins et brillance

Quand la journée s’étire

Au son des confidences…

 

Elle écoute des histoires

Comme on écoute la mer

Juste…

Pour un peu de pourboire

Dans une boîte en fer.

 

Texte extrait de "LA VIE EXTRAORDINAIRE DES GENS ORDINAIRE"

En attendant qu'une mélodie vienne s'y frotter... à bon entendeur musicien... salut ! ;-)

http://laurentaycaguer.e-monsite.com/boutique/formats-papier/la-vie-extraordinaire-des-gens-ordinaire.html

Coiffeuse

 

Le désert avance

Par Le 13/01/2020

Le désert avance, avance

Et nous autres,

Nous comptons les grains de sable

Pitoyables

Nous brûlons par les deux bouts

Nos atouts.

 

La mer monte, monte, monte

Et nous autres,

Nous épongeons les records

Sans accord

Nous cautionnons sans ambages

Le naufrage.

 

Sous le soleil exactement

Et sous les eaux prochainement

Nous continuons dans l'indécence

À scier la branche et la chance,

Sous le soleil exactement

Et sous les eaux prochainement

Nous cultivons dans l'abondance

Les prés carrés de l'inconscience.

 

La facture grimpe, grimpe

Et nous autres,

Nous flambons allègrement

Arrogants

Nous tournoyons dans le vide

Trop avides.

 

La planète brûle, brûle

Et nous autres,

Nous cachons sous le tapis

Le déni

Nous attisons le brasier

Insensés.

 

Sous le soleil exactement

Et sous les eaux prochainement

Nous continuons dans l'indécence

À scier la branche et la chance,

Sous le soleil exactement

Et sous les eaux prochainement

Nous cultivons dans l'abondance

Les prés carrés de l'inconscience.

 

Le désert avance, avance

Et nous autres,

Nous maquillons par les mots

Tous nos maux

Nous occultons l'essentiel

Démentiel !

 

Extrait de "53 Pavés dans la mare"

Alors que l'Australie brule...

http://laurentaycaguer.e-monsite.com/boutique/formats-papier/53-paves-dans-la-mare.html

 

Australie

 

Ces quelques notes

Par Le 11/05/2019

 
Je jetais ma cigarette
M'asseyais sur le pavé,
Quand la fille à sa fenêtre
S'installait à son clavier.
Je scrutais la rue déserte
Et la belle pianotait
Elle jouait quelques notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
On s'enfonçait dans le soir
La nuit peu à peu tombait
Les sons dansaient dans le noir
Et mon âme s'enivrait.
Elle ne devait pas savoir
Que j'étais à ses côtés
À savourer quelques notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
J’accompagnais de mes doigts
Les refrains qu'elle chantait
Et la douceur de sa voix
Tout doucement me berçait.
Avec le recul je crois
Que mon cœur s'enhardissait
Sous le charme de ces notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
Mais son père à la même heure
Chaque soir l'interrompait
"Ma fille il est bientôt l'heure
Demain il faut se lever".
Et dans un soupir majeur
La belle arrêtait de jouer
Et cessait ces quelques notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
J'allumais ma cigarette
Le cœur encore sonné
Regardais à la fenêtre
Le store qui descendait.
Je quittais la rue déserte
Le lendemain revenais
Pour écouter ces trois notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
"CES QUELQUES NOTES" publié dans 53 PAVES DANS LA MARE (et mis en musique sur le CD qui accompagne le livre
 
Fenetre mai 2019
 
 

Printemps des poètes

Par Le 23/03/2019

 
Enfin le printemps… des poètes
Point d’attribut point d’épithète
Point de technique ou de manière
Place aux enfants d’Apollinaire…
Des fonds de caves aux basses-cours
Retrouvons l’âme troubadour
Abusons de l’alexandrin
Le cœur léger, le cœur badin,
 
Enfin le printemps… des poètes
Les muses vont être à la fête
Les aubades seront légion
Dans une armée de séduction,
Tous les aphones le déflorent
Des bourgeons de mots vont éclore
Et nos bouches s’évertuer
À ne parler qu’avec des pieds,

Enfin le printemps… des poètes
Sonnez sonnets sonnez trompettes
La poésie reprend ses droits
Sur le verlan sur le kesta…
Point de honte en ce mois de mars
Les rimes recouvrent leur place
Et nos âmes vont s’abreuver
De quelques vers aux premiers rais !
 
Csm printemps des poetes 2019 visuel carre 66c174f2ed
 
 

Triple Négatif (Mon sein)

Par Le 18/12/2018

Triple négatif

Mon sein, jusqu'à ce matin, tu allais bien
Mais la biopsie du médecin
N'avait pas le même refrain
Finalement, tu es malin !

Un cancer ? Mais pour quoi faire ?
Pas le temps pour toutes ces affaires
Mon sein, tu es malade
C'est une autre promenade…

Échographie, mammographie, scintigraphie
Chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie
Tous ces maudits mots en i
Me donnent le tournis !

Après avoir reçu un tel choc
Pas envie d'aller traîner au bloc,
Pour rendre les piqûres supportables
On m’équipe d'une chambre implantable

Tel un robot, je vais aux chimios
Mes ongles et mes cheveux endurent trop,
On t'attaque à coup de grands repos
Juste ce qu'il faut vu le bobo…

Le sport à la Cami
Est devenu mon meilleur ami
Ces souffles qui sonnent à l'unisson
Sont un pas vers la guérison.

Mon sein, tu as pris toute la place
Dans ma jeune vie, dans mon espace
Tu es devenu seul épicentre
Du séisme qui secoue mon ventre,

Mon sein, je te soigne
Les examens en témoignent
Les tumeurs peu à peu s'envolent
Tous nos cœurs en raffolent !

Il est de nouveau l’heure du bloc opératoire
Alors, mon sein, je te dis au revoir
Je vais devoir apprendre à être à l’aise
Avec cette nouvelle prothèse…

Mon sein, autrefois grâce et beauté
L’emblème de ma féminité
Tu imploses au plus près de mon cœur
Comme un pavé au milieu des fleurs

Le reflet ne sera plus le même
Face au miroir, je demeure blême
Les lignes d’ombre ont évolué
Il va falloir m’y habituer,

Ultime pas, cette dose de rayons
Pour tous les jours, quel drôle de compagnon
De celui qui vous prend par la main
La main mise sur votre destin…

Et puis tous ces tatouages
Comme un rappel pour chaque âge
De tout ce que j'ai vécu
Tel un soldat qui a combattu.

Alors que le monde qui m’entoure
Inexorablement fait son tour
Sous les yeux de ceux qui me sont chers
Je lutte au plus profond de ma chair

Après tous ces mois de combat
À enchaîner tous ces katas
Ma force, mon Amour, c'est toi
Merci de m'avoir consolée tant de fois.

Mon petit bout, mon bébé
Tout plein de courage tu m'as donné
Je serai toujours là
Pour guider tes petits pas.

Avec ce corps désormais plus sain
Il est temps de continuer notre chemin
À surfer chaque jour sur la vie
Comme une âme heureuse qui rit,

Il est des batailles nécessaires
Que l'on ne peut gagner en solitaire
À ma famille, amis, thérapeutes et médecins
Je dédie ce poème à quatre mains.

Marion Cousinet et Laurent Ayçaguer
Octobre 2018
 
Triple negatif
 
 

La drôle d'équipe

Par Le 11/11/2018

Jean, filiforme jeune homme blond
Petit-fils d’un maître forgeron
Originaire d’Ille-et-Vilaine
Passionné par la petite reine
Affectueux, gentil et courtois
Attiré par les métiers du bois…
Décédé, évidé de son sang
Le mardi de ses vingt-deux printemps !

Jean-Paul, clarinettiste amateur
Pour autant réputé bagarreur
Elevé sur les rives de l’Yonne
Fiancé à la belle Simone
Brave, vaillant, insensible au mal
Insouciant, mais quoi de plus normal…
À vingt ans tragiquement tombé
Sous les balles au fond d’une tranchée !

Pierre-Augustin, le joyeux luron
Le farceur le pousseur de juron
Elevé au pays de la houille
Le sourire accroché à la bouille
Malin, sous des airs de boute-en-train
Qui rêvait d’un spectacle sans fin…
Baisser de rideau pour ses vingt ans
Sous la salve de tirs allemands !

Bernard, frêle et timide poète
Plus peureux que les autres arpètes
Attiré par les mots et les rimes
Qu’il versait pour couvrir sa déprime
Chétif, ankylosé de mal-être
Qui rédigeait chaque soir des lettres…
Mutilé dans un cri déchirant
L’année de ses vingt-et-un printemps !

Jean-Pierre, le géant, le grand frère
Que les autres appelaient « homm’ de terre »
Paysan doté d’énormes doigts
Caporal au hasard des combats
Débrouillard et n’ayant peur de rien
Si ce n’est de perdre ses copains…
Ironie du sort, mort dans un champ
Juste avant d’avoir eu vingt-cinq ans !

Enfin Louis, le minot de Gironde
Rêvant de conquérir le grand monde
Puissant Général, droit dans ses bottes
Arborant médaille et tête haute
Chevalier de l'ordre du mérite
Vous devinez sans doute la suite…
Parti d’une traîtresse embolie
À soixante ans au fond de son lit !

LA DROLE D'EQUIPE texte hommage aux poilus extrait de LES BOUCHES DES GOÛTS

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Toussaint

Par Le 31/10/2018

 

J’ai pleuré sur un vieux tombeau
Maculé de vers de Raimbaud
Enchanté par autant de rimes
Que la douleur rendait sublime,
J’ai posé ma main sur la pierre
De cet auguste monument
Je connais aujourd’hui sur terre
Plus de gens morts que de vivants.
 
J’ai prié au soleil couchant
La mémoire de mes parents
Dans les allées des cimetières
La vie devient plus éphémère,
Entre épitaphes et caveaux
Dernière demeure des miens
J’ai libéré tous les sanglots
Que je contiens au quotidien.
 
Refrain :
À la Toussaint, tout est hommage,
Notre âme pose ses nuages
Entre souvenirs et présages,
À la Toussaint, tout est hommage,
On relit les plus belles pages
Qui ont nourri notre voyage.
 
J’ai traîné ma mélancolie
À repasser ainsi ma vie
Moi, le survivant inutile
Moi, le naufragé en exil,
J’ai cité des mots de Prévert
Sur la stèle d’amis éteints
Aujourd’hui vieux loup solitaire
Sans eux, je me sens orphelin.
 
Refrain :
À la Toussaint, tout est hommage,
Notre âme pose ses nuages
Entre souvenirs et présages,
À la Toussaint, tout est hommage,
On relit les plus belles pages
Qui ont nourri notre voyage.
 
Cimetiere

 

 

 

Journée mondiale du refus de la misère

Par Le 17/10/2018

TOUTE UNE VIE DANS UNE POCHE

 

Toute une vie dans une poche

Pour mes soixante balais

Toute une vie et des sacoches

Sous mes gros yeux fatigués,

Seul quatre rats pour compagnons

L’eau de pluie pour me raser

Pas même un morceau de savon

Pour un peu de dignité,

 

Toute une vie au fond d’un sac

Une maison sur le dos

Plus minuscule qu’un ressac

Plus pesante qu’un fardeau,

Toute une vie et rien au bout

Si ce n’est quelques images

De mauvais choix de mauvais goût

Et d’un putain de mariage,

 

Toute une vie dans une poche

À léguer à un enfant

Empli de honte et de reproches

Pour un père, un « père-dant »,

Toute une vie à s’enfoncer

Dans un gouffre de misère

Et le divorce en apogée

D’une histoire bien sévère,

 

Toute vie de soixante ans

Dont il ne restera rien

Sauf la besace d’un errant

Aux relents de mauvais vin,

 

Toute une vie de soixante ans

Qu’on ramassera un soir

Comme on balaye un excrément

Sur le rebord d’un trottoir….

 

texte extrait de "Po-M-Rock" http://laurentaycaguer.e-monsite.com/boutique/formats-papier/po-m-rock.html

17 octobre : Journée mondiale du refus de la misère

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Une seconde

Par Le 16/09/2018

 

UNE SECONDE...

Une seconde… ce n’est rien pour toi !
Mais une seconde
C’est la durée de ce baiser
Qui s’inscrit dans l’éternité
Ce baiser d’amants retrouvés
Que tu m’as enfin accordé
Au bout… d’une heure,

Une heure… ce n’est rien pour toi !
Mais une heure
C’est nous deux sur un banc serrés
À l’abri d’un tulipier
Et toi au banc des accusés
Au ban des aveux insensés
En cette fin… de journée,

Une journée… ce n’est rien pour toi !
Mais cette journée
C’est une fleur dans les galets
Un soleil au bout de l’ondée
L’avènement inespéré
Des quelques mots que j’attendais
Depuis… un mois,

Un mois… ce n’est rien pour toi !
Mais un mois
C’est tout le temps que j’ai passé
Impatiente et déboussolée
Entre doutes et contrariétés
Depuis que tu m’as appelée
Pour la nouvelle… année,

Une année… ce n’est rien pour toi !
Mais une année
C’est des souffrances et des nausées
À essayer de t’oublier
À ne plus vouloir exister
À panser la plus grosse plaie
De… ma vie,

Ma vie… ce n’est rien pour toi !
Mais ma vie
C’est une vie à toi donnée
C’est une vie à toi léguée
C’est une vie à tes côtés
Ou bien c’est une vie ratée.

Extrait de "PO-M-ROCK"...
http://laurentaycaguer.e-monsite.com/boutique/formats-papier/po-m-rock.html

 

 

La prof

Par Le 30/08/2018

 

LA PROF

 

Elle est là sur la scène

Qui se donne en spectacle

Mi sorcière mi reine

Au sein de la débâcle,

Elle est là sur la scène

À se livrer entière

Au verdict de l’arène

À la horde écolière…

 

Elle est là sur la scène

Qui griffonne au tableau

Pour des élèves en peine

Sans leur tourner le dos,

Elle est là sur la scène

Jouant d’indifférence

Pour les regards obscènes

Et les viles avances…

 

Refrain :

Qui s’enquiert de savoir

Son village dans l’Eure

Ses besoins de douceur

Tous ses vases sans fleur ?

Qui s’émeut de savoir

Les passions qui l’animent

Son studio qui l’opprime

Ses soirées de déprime ?

 

Elle est là sur la scène

Qui colporte sa science

Du haut de sa vingtaine

De son inexpérience,

Elle est là sur la scène

Des maths et du dessin

De l’amour à la haine

Il n’y a pas très loin…

 

Elle est là sur la scène

Qui s’ébroue sans ferveur

Sur les bords de la Seine

Habitée par la peur,

Elle est là sur la scène

Ballottée d’illusions

Mi sorcière mi reine

Rêvant de mutation…

 

Refrain :

Qui s’enquiert de savoir

Son village dans l’Eure

Ses besoins de douceur

Tous ses vases sans fleur ?

Qui s’émeut de savoir

Les passions qui l’animent

Son studio qui l’opprime

Ses soirées de déprime ?

 

Refrain :

Qui s’enquiert de savoir

Ses pizzas sur le lit

Ses week-ends de copies

Ses nuitées d’insomnies ?

Qui s’émeut de savoir

Ses nausées de courage

Ses idées de carnage

Et ses larmes de rage ?

 

BON COURAGE DEMAIN…

 

Laurent Ayçaguer

Auteur à temps gagné

 

 

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L'écrivain

Par Le 08/08/2018

 

L'ECRIVAIN

Il est minuit ce vingt juillet
Encore une journée ratée
Beaucoup d’idées qui se bousculent
Mais mon roman lui qui recule,
Papiers froissés sur le plancher
Mégots au fond du cendrier
Un mauvais cliché se dessine
Je me jette dans la piscine,

Refrain :
Toi tu te morfonds dans le lit
Demain tu me feras la gueule
Toi tu t’endors dans ce grand lit
Tu dors encore toute seule.

Pas de lumière à la fenêtre
Je noie mon corps et tout mon être
Quelques brasses pour oublier
Des lignes stéréotypées,
Une douce brise balaye
Les mots jetés à la corbeille
Cette mélodie qui me soule
C'est notre histoire qui s'écoule,

Refrain :
Toi tu te morfonds dans le lit
Demain tu me feras la gueule
Toi tu t’endors dans ce grand lit
Tu dors encore toute seule.

Je vais errer toute la nuit
Comme à chaque fois que j'écris
Me coucherai au petit jour
Sans même te faire l'amour,
Je gâche beaucoup de nous deux
Je sais les larmes à tes yeux
Faut-il que tu m'aimes vraiment
Je ne sais pas vivre autrement,

Refrain :
Et tu te morfonds dans le lit
Demain tu me feras la gueule
Et tu t’endors dans ce grand lit
Tu dors encore toute seule.

 

Nuit

 

 

LA VILLE EST CHANT

Par Le 19/05/2018

 

LA VILLE EST CHANT…

La ville est Jazz
À la mairie
Belle bourgeoise
Pavée d’or et de rubis,

La ville est Pop
Est populaire
Dans les échoppes
De sa cheville ouvrière,

La ville est Blues
Parée de leurres
Soumise épouse
De voraces promoteurs,

La ville est Rock
Rocs de béton
Montés en bloc
En mirador de prison,

La ville est Rap
Dans les étages
Elle dérape
Conjugue maux et clivages,

La ville est champs
Champs de détresse
Quand dans l’orchestre
Chacun creuse son propre sillon,

La ville est chant
Chant d’allégresse
Quand dans l’orchestre
Tous y jouent la même partition !

Illustration Maryvonne Leclerc...

 

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