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Voici quelques extraits de mes écrits, de mes humeurs...

La coiffeuse

Par Le 07/03/2020

Elle écoute des histoires

Comme on écoute la mer

En noyant son regard

Sur les dunes côtières,

Elle écoute des histoires

Des ragots, des chimères

Qu’elle emporte le soir

À des années lumière.

 

Elle met des couleurs

Aux cheveux les plus noirs

Sur des potins mineurs

Sur des mots sans histoire,

Elle met des couleurs

Aux idées les plus noires

Comme un peu de chaleur

Au fond d’un isoloir.

 

Refrain :

La coiffeuse soupire

Entre soins et brillance

Quand la journée s’étire

Au son des confidences…

 

Elle connaît les gens

Et le temps qu’il fera

Au travers des clients

Qui passent entre ses doigts,

Elle connaît le temps

Qu’il faut passer parfois

À écouter du vent

Des mots de second choix.

 

Elle rêve d’un ciel

D’un endroit silencieux

Loin des tubes de gel

Et des shampoings aux œufs,

Elle rêve d’un ciel

Loin de tous les aveux

Des femmes infidèles

Des hommes prétentieux.

 

Refrain :

La coiffeuse soupire

Entre soins et brillance

Quand la journée s’étire

Au son des confidences…

 

Elle écoute des histoires

Comme on écoute la mer

Juste…

Pour un peu de pourboire

Dans une boîte en fer.

 

Texte extrait de "LA VIE EXTRAORDINAIRE DES GENS ORDINAIRE"

En attendant qu'une mélodie vienne s'y frotter... à bon entendeur musicien... salut ! ;-)

http://laurentaycaguer.e-monsite.com/boutique/formats-papier/la-vie-extraordinaire-des-gens-ordinaire.html

Coiffeuse

 

Le désert avance

Par Le 13/01/2020

Le désert avance, avance

Et nous autres,

Nous comptons les grains de sable

Pitoyables

Nous brûlons par les deux bouts

Nos atouts.

 

La mer monte, monte, monte

Et nous autres,

Nous épongeons les records

Sans accord

Nous cautionnons sans ambages

Le naufrage.

 

Sous le soleil exactement

Et sous les eaux prochainement

Nous continuons dans l'indécence

À scier la branche et la chance,

Sous le soleil exactement

Et sous les eaux prochainement

Nous cultivons dans l'abondance

Les prés carrés de l'inconscience.

 

La facture grimpe, grimpe

Et nous autres,

Nous flambons allègrement

Arrogants

Nous tournoyons dans le vide

Trop avides.

 

La planète brûle, brûle

Et nous autres,

Nous cachons sous le tapis

Le déni

Nous attisons le brasier

Insensés.

 

Sous le soleil exactement

Et sous les eaux prochainement

Nous continuons dans l'indécence

À scier la branche et la chance,

Sous le soleil exactement

Et sous les eaux prochainement

Nous cultivons dans l'abondance

Les prés carrés de l'inconscience.

 

Le désert avance, avance

Et nous autres,

Nous maquillons par les mots

Tous nos maux

Nous occultons l'essentiel

Démentiel !

 

Extrait de "53 Pavés dans la mare"

Alors que l'Australie brule...

http://laurentaycaguer.e-monsite.com/boutique/formats-papier/53-paves-dans-la-mare.html

 

Australie

 

Ces quelques notes

Par Le 11/05/2019

 
Je jetais ma cigarette
M'asseyais sur le pavé,
Quand la fille à sa fenêtre
S'installait à son clavier.
Je scrutais la rue déserte
Et la belle pianotait
Elle jouait quelques notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
On s'enfonçait dans le soir
La nuit peu à peu tombait
Les sons dansaient dans le noir
Et mon âme s'enivrait.
Elle ne devait pas savoir
Que j'étais à ses côtés
À savourer quelques notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
J’accompagnais de mes doigts
Les refrains qu'elle chantait
Et la douceur de sa voix
Tout doucement me berçait.
Avec le recul je crois
Que mon cœur s'enhardissait
Sous le charme de ces notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
Mais son père à la même heure
Chaque soir l'interrompait
"Ma fille il est bientôt l'heure
Demain il faut se lever".
Et dans un soupir majeur
La belle arrêtait de jouer
Et cessait ces quelques notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
J'allumais ma cigarette
Le cœur encore sonné
Regardais à la fenêtre
Le store qui descendait.
Je quittais la rue déserte
Le lendemain revenais
Pour écouter ces trois notes
Qu'aujourd'hui je vous rapporte...
... à peu près.
 
"CES QUELQUES NOTES" publié dans 53 PAVES DANS LA MARE (et mis en musique sur le CD qui accompagne le livre
 
Fenetre mai 2019
 
 

Printemps des poètes

Par Le 23/03/2019

 
Enfin le printemps… des poètes
Point d’attribut point d’épithète
Point de technique ou de manière
Place aux enfants d’Apollinaire…
Des fonds de caves aux basses-cours
Retrouvons l’âme troubadour
Abusons de l’alexandrin
Le cœur léger, le cœur badin,
 
Enfin le printemps… des poètes
Les muses vont être à la fête
Les aubades seront légion
Dans une armée de séduction,
Tous les aphones le déflorent
Des bourgeons de mots vont éclore
Et nos bouches s’évertuer
À ne parler qu’avec des pieds,

Enfin le printemps… des poètes
Sonnez sonnets sonnez trompettes
La poésie reprend ses droits
Sur le verlan sur le kesta…
Point de honte en ce mois de mars
Les rimes recouvrent leur place
Et nos âmes vont s’abreuver
De quelques vers aux premiers rais !
 
Csm printemps des poetes 2019 visuel carre 66c174f2ed
 
 

Triple Négatif (Mon sein)

Par Le 18/12/2018

Triple négatif

Mon sein, jusqu'à ce matin, tu allais bien
Mais la biopsie du médecin
N'avait pas le même refrain
Finalement, tu es malin !

Un cancer ? Mais pour quoi faire ?
Pas le temps pour toutes ces affaires
Mon sein, tu es malade
C'est une autre promenade…

Échographie, mammographie, scintigraphie
Chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie
Tous ces maudits mots en i
Me donnent le tournis !

Après avoir reçu un tel choc
Pas envie d'aller traîner au bloc,
Pour rendre les piqûres supportables
On m’équipe d'une chambre implantable

Tel un robot, je vais aux chimios
Mes ongles et mes cheveux endurent trop,
On t'attaque à coup de grands repos
Juste ce qu'il faut vu le bobo…

Le sport à la Cami
Est devenu mon meilleur ami
Ces souffles qui sonnent à l'unisson
Sont un pas vers la guérison.

Mon sein, tu as pris toute la place
Dans ma jeune vie, dans mon espace
Tu es devenu seul épicentre
Du séisme qui secoue mon ventre,

Mon sein, je te soigne
Les examens en témoignent
Les tumeurs peu à peu s'envolent
Tous nos cœurs en raffolent !

Il est de nouveau l’heure du bloc opératoire
Alors, mon sein, je te dis au revoir
Je vais devoir apprendre à être à l’aise
Avec cette nouvelle prothèse…

Mon sein, autrefois grâce et beauté
L’emblème de ma féminité
Tu imploses au plus près de mon cœur
Comme un pavé au milieu des fleurs

Le reflet ne sera plus le même
Face au miroir, je demeure blême
Les lignes d’ombre ont évolué
Il va falloir m’y habituer,

Ultime pas, cette dose de rayons
Pour tous les jours, quel drôle de compagnon
De celui qui vous prend par la main
La main mise sur votre destin…

Et puis tous ces tatouages
Comme un rappel pour chaque âge
De tout ce que j'ai vécu
Tel un soldat qui a combattu.

Alors que le monde qui m’entoure
Inexorablement fait son tour
Sous les yeux de ceux qui me sont chers
Je lutte au plus profond de ma chair

Après tous ces mois de combat
À enchaîner tous ces katas
Ma force, mon Amour, c'est toi
Merci de m'avoir consolée tant de fois.

Mon petit bout, mon bébé
Tout plein de courage tu m'as donné
Je serai toujours là
Pour guider tes petits pas.

Avec ce corps désormais plus sain
Il est temps de continuer notre chemin
À surfer chaque jour sur la vie
Comme une âme heureuse qui rit,

Il est des batailles nécessaires
Que l'on ne peut gagner en solitaire
À ma famille, amis, thérapeutes et médecins
Je dédie ce poème à quatre mains.

Marion Cousinet et Laurent Ayçaguer
Octobre 2018
 
Triple negatif
 
 

La drôle d'équipe

Par Le 11/11/2018

Jean, filiforme jeune homme blond
Petit-fils d’un maître forgeron
Originaire d’Ille-et-Vilaine
Passionné par la petite reine
Affectueux, gentil et courtois
Attiré par les métiers du bois…
Décédé, évidé de son sang
Le mardi de ses vingt-deux printemps !

Jean-Paul, clarinettiste amateur
Pour autant réputé bagarreur
Elevé sur les rives de l’Yonne
Fiancé à la belle Simone
Brave, vaillant, insensible au mal
Insouciant, mais quoi de plus normal…
À vingt ans tragiquement tombé
Sous les balles au fond d’une tranchée !

Pierre-Augustin, le joyeux luron
Le farceur le pousseur de juron
Elevé au pays de la houille
Le sourire accroché à la bouille
Malin, sous des airs de boute-en-train
Qui rêvait d’un spectacle sans fin…
Baisser de rideau pour ses vingt ans
Sous la salve de tirs allemands !

Bernard, frêle et timide poète
Plus peureux que les autres arpètes
Attiré par les mots et les rimes
Qu’il versait pour couvrir sa déprime
Chétif, ankylosé de mal-être
Qui rédigeait chaque soir des lettres…
Mutilé dans un cri déchirant
L’année de ses vingt-et-un printemps !

Jean-Pierre, le géant, le grand frère
Que les autres appelaient « homm’ de terre »
Paysan doté d’énormes doigts
Caporal au hasard des combats
Débrouillard et n’ayant peur de rien
Si ce n’est de perdre ses copains…
Ironie du sort, mort dans un champ
Juste avant d’avoir eu vingt-cinq ans !

Enfin Louis, le minot de Gironde
Rêvant de conquérir le grand monde
Puissant Général, droit dans ses bottes
Arborant médaille et tête haute
Chevalier de l'ordre du mérite
Vous devinez sans doute la suite…
Parti d’une traîtresse embolie
À soixante ans au fond de son lit !

LA DROLE D'EQUIPE texte hommage aux poilus extrait de LES BOUCHES DES GOÛTS

Guerre tranchee canadian soldiers in trench france 1917 lac 3194258

 

 

Toussaint

Par Le 31/10/2018

 

J’ai pleuré sur un vieux tombeau
Maculé de vers de Raimbaud
Enchanté par autant de rimes
Que la douleur rendait sublime,
J’ai posé ma main sur la pierre
De cet auguste monument
Je connais aujourd’hui sur terre
Plus de gens morts que de vivants.
 
J’ai prié au soleil couchant
La mémoire de mes parents
Dans les allées des cimetières
La vie devient plus éphémère,
Entre épitaphes et caveaux
Dernière demeure des miens
J’ai libéré tous les sanglots
Que je contiens au quotidien.
 
Refrain :
À la Toussaint, tout est hommage,
Notre âme pose ses nuages
Entre souvenirs et présages,
À la Toussaint, tout est hommage,
On relit les plus belles pages
Qui ont nourri notre voyage.
 
J’ai traîné ma mélancolie
À repasser ainsi ma vie
Moi, le survivant inutile
Moi, le naufragé en exil,
J’ai cité des mots de Prévert
Sur la stèle d’amis éteints
Aujourd’hui vieux loup solitaire
Sans eux, je me sens orphelin.
 
Refrain :
À la Toussaint, tout est hommage,
Notre âme pose ses nuages
Entre souvenirs et présages,
À la Toussaint, tout est hommage,
On relit les plus belles pages
Qui ont nourri notre voyage.
 
Cimetiere

 

 

 

Journée mondiale du refus de la misère

Par Le 17/10/2018

TOUTE UNE VIE DANS UNE POCHE

 

Toute une vie dans une poche

Pour mes soixante balais

Toute une vie et des sacoches

Sous mes gros yeux fatigués,

Seul quatre rats pour compagnons

L’eau de pluie pour me raser

Pas même un morceau de savon

Pour un peu de dignité,

 

Toute une vie au fond d’un sac

Une maison sur le dos

Plus minuscule qu’un ressac

Plus pesante qu’un fardeau,

Toute une vie et rien au bout

Si ce n’est quelques images

De mauvais choix de mauvais goût

Et d’un putain de mariage,

 

Toute une vie dans une poche

À léguer à un enfant

Empli de honte et de reproches

Pour un père, un « père-dant »,

Toute une vie à s’enfoncer

Dans un gouffre de misère

Et le divorce en apogée

D’une histoire bien sévère,

 

Toute vie de soixante ans

Dont il ne restera rien

Sauf la besace d’un errant

Aux relents de mauvais vin,

 

Toute une vie de soixante ans

Qu’on ramassera un soir

Comme on balaye un excrément

Sur le rebord d’un trottoir….

 

texte extrait de "Po-M-Rock" http://laurentaycaguer.e-monsite.com/boutique/formats-papier/po-m-rock.html

17 octobre : Journée mondiale du refus de la misère

17 dalle